La tête plate

Plagiocephalies posturales postérieures du nourrisson :

Comment les éviter ?

Depuis la recommandation en 1993 des pédiatres de faire dormir sur le dos les nourrissons, les asymétries de l’arrière-crâne ont augmenté considérablement : cette mesure a fait décroitre les risques de mort subite. Pour autant cette recommandation n’est préconisée que jusqu’à l’âge de 6 mois, et seulement pendant le sommeil. Ce qui signifie que lors de l’éveil, il est souhaitable de positionner l’enfant dans une position différente, en particulier sur le ventre. Cela veut dire qu’il faut limiter pendant l’éveil l’utilisation du transat-bébé (qui appuie sur l’arrière-crâne) ou du siège auto type maxi-cosi sauf lors des déplacements. Le simple fait de positionner à plat ventre les petits bébés lorsqu’ils sont réveillés permet de prévenir beaucoup d’asymétries de l’arrière de la tête.

Si malgré ces recommandations bien conduites l’asymétrie se constitue vers le 1er mois, c’est qu’il existe vraisemblablement un torticolis congénital ce qui est fréquent (40% des plagiocéphalies posturales).  Le traitement fait alors appel à quelques séances de kinésithérapie adaptée par un praticien diplomé d’Etat (remboursées par la Sécurité Sociale) qui dans l’immense majorité des cas va régler le problème. En cas de torticolis, il faut proscrire le transat-bébé jusqu’à ce que la mobilité du cou soit redevenue normale.

Il est important que ces manoeuvres posturales soient précoces et adaptées pour qu’elles soient efficaces. Car après l’âge de 8-9 mois les corrections seront beaucoup plus lentes. Si malgré vos efforts, la kinésithérapie, la position ventrale pendant l’éveil, l’asymétrie ne régresse pas assez vite, une amélioration se poursuivra spontanément jusqu’à l’âge de 4 ans lorsque l’enfant va s’assoir, puis marcher.

Il est important de préciser que dans l’état actuel des connaissances, il n’a jamais été prouvé qu’une plagiocéphalie postérieure persistante puisse engendre un dysfonctionnement cérébral.

Quid du « casque » ? Un nursing adapté permet de l’éviter dans la quasi-intégralité des cas. Cependant en cas d’impossibilité par la famille de nurser l’enfant et de le surveiller, il peut être indiqué entre 3 et 6 mois d’utiliser un « casque » (orthèse crânienne), sous surveillance rigoureuse médicale.

Si l’asymétrie crânienne s’accompagne d’une fermeture de la fontanelle observée dans les premières semaines de vie, il faut alors consulter un spécialiste pour éliminer l’occurrence rare d’une craniosténose.

En conclusion, avec le dépistage et le traitement précoce des torticolis du nouveau-né, ainsi que le positionnement ventral pendant l’éveil, la plupart des asymétries de l’arrière-crâne peuvent être évitées.

Références

Arnaud E., Marchac D., Renier D. Diagnostic d’une asymétrie faciale et crânio-faciale. Dans : Eric Arnaud and Stephane Guichard, eds. Rapport du XLVIème Congrès National de la Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique. Annales de chirurgie plastique esthétique, vol. 46. Paris, Société d’Edition de l’Association d’Enseignement Médical de Paris, 2001, pp 410-423.

Dr Eric Arnaud,
Hôpital Necker-Enfants Malades